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 La lutte de classe entre prolétariat et capital est permanente et conditionne l’ensemble de nos vies. Dans la plupart des cas elle prend des formes relativement pacifiques, mais tout au long de l’histoire elle a aussi donné naissance à de nombreux mouvements révolutionnaires qui ont menacé l’existence du mode de production. Ces mouvements ont toujours commencé par un refus des conditions de vie prolétariennes insoutenables, mais leur caractère révolutionnaire n’est pas dû à une exploitation « excessive » qui remettrait régulièrement en cause le capitalisme. Souvent c’est plutôt un traitement « trop coulant » de la classe ouvrière qui est la cause immédiate de l’agitation sociale. On peut prendre comme exemple la Grèce, où on a dû, en définitive, remédier au très mauvais état des finances publiques (qui, selon les représentants de la bourgeoisie, viendrait des conditions trop avantageuses accordées à plusieurs catégories de travailleurs) en saignant la classe ouvrière. Comme l’exploitation et la production de plus-value sont deux faces de la même médaille et puisque le rapport capitaliste vit de la production de plus-value, c’est-à-dire de l’exploitation des travailleurs, la contradiction de classe appartient nécessairement à son essence la plus fondamentale. Il ne peut jamais s’extraire de cette contradiction, et ceci quelle que soient les différentes mutations de son mode de production. Par conséquent, la menace de l'implosion de ce rapport est toujours présente, elle est là, tapie derrière chaque crise sévère.  La lutte de classe entre prolétariat et capital est permanente et conditionne l’ensemble de nos vies. Dans la plupart des cas elle prend des formes relativement pacifiques, mais tout au long de l’histoire elle a aussi donné naissance à de nombreux mouvements révolutionnaires qui ont menacé l’existence du mode de production. Ces mouvements ont toujours commencé par un refus des conditions de vie prolétariennes insoutenables, mais leur caractère révolutionnaire n’est pas dû à une exploitation « excessive » qui remettrait régulièrement en cause le capitalisme. Souvent c’est plutôt un traitement « trop coulant » de la classe ouvrière qui est la cause immédiate de l’agitation sociale. On peut prendre comme exemple la Grèce, où on a dû, en définitive, remédier au très mauvais état des finances publiques (qui, selon les représentants de la bourgeoisie, viendrait des conditions trop avantageuses accordées à plusieurs catégories de travailleurs) en saignant la classe ouvrière. Comme l’exploitation et la production de plus-value sont deux faces de la même médaille et puisque le rapport capitaliste vit de la production de plus-value, c’est-à-dire de l’exploitation des travailleurs, la contradiction de classe appartient nécessairement à son essence la plus fondamentale. Il ne peut jamais s’extraire de cette contradiction, et ceci quelle que soient les différentes mutations de son mode de production. Par conséquent, la menace de l'implosion de ce rapport est toujours présente, elle est là, tapie derrière chaque crise sévère. 
  
-Des crises sérieuses (telle que celle que nous connaissons depuis 2008) surviennent dans des situations où la classe capitaliste ne parvient pas à s’assurer une production de plus-value suffisamment élevée (ce qui en jargon bourgeois est appelé combinaison de la croissance avec les considérations sociales). La définition la plus abstraite d’une crise du mode de production capitaliste est que sa reproduction est menacée, c’est-à-dire la reproduction continue des classes antagonistes. C’est au niveau concret, pourtant, qu’on peut voir la crise se dérouler devant nos yeux : banques et entreprises menacées de faillite et travailleurs perdant leurs emplois, expulsés de chez eux ou soumis à des baisses de salaire, des retraites diminuées, une prise en charge médicale moindre, etc. Lorsque des capitaux individuels ou des groupes de prolétaires se retrouvent dans une mauvaise passe, l’État peut intervenir pour prévenir une urgence, en renflouant des entreprises ou en versant quelque suppléments à des municipalités et maintenir de la sorte un certain niveau de prestations. Mais ce ne sont jamais des remèdes miracles. Dans de tels cas, l’État s’endette lui-même et tôt ou tard le budget doit être rééquilibré, ce qui implique qu’en fin de compte c’est le prolétariat qui doit payer. La seule bonté que la classe capitaliste ait à offrir aux prolétaires d’un pays en crise est une sorte d’échéancier (une hypothèque sur une exploitation future), ou de laisser les prolétaires d’un autre pays payer une partie de la facture. La façon dont on a demandé à l’Islande de compenser les pertes britanniques et hollandaises liées à la faillite d’Icesave est un exemple du premier cas : 3,8 milliards d’euros plus les intérêts sur une période de trente ans. Un exemple du second est la vigoureuse pression du gouvernement suédois dans l’UE et le FMI en 2009 pour empêcher une dévaluation de la monnaie lettonne, qui aurait eu un effet dévastateur sur les banques suédoises ayant prêté des sommes colossales aux pays Baltes. Ces plans d’austérité brutaux furent probablement absolument nécessaires pour sauver le système bancaire suédois de l’effondrement, ce qui explique les exigences extrêmement dures de la Suède et de l’UE((C’est seulement après que le gros de la tempête fut passé que le ministre suédois des Finances a osé s’exprimer directement : « Je n’ai jamais dit cela aussi clairement auparavant, mais la vérité est que la Suède était dans de très, très sales draps en 2009, quasiment au bord du gouffre. » – Anders Borg, 19 janvier 2011.)). Des mesures drastiques, telles que des prêts d’urgence à l’industrie automobile ou des nationalisations de compagnies hypothécaires ne résolvent toutefois pas le problème sous-jacent de la crise, qui est une crise d’investissement ou plus exactement une crise d’accumulation, c’est-à-dire une crise de l’exploitation((Cf. Screamin’ Alice, [[http://endnotes.org.uk/translations/12|« L’effondrement d’un rapport ? Réflexions sur la crise »]])). L’ordre exige que l’exploitation soit accrue. +Des crises sérieuses (telle que celle que nous connaissons depuis 2008) surviennent dans des situations où la classe capitaliste ne parvient pas à s’assurer une production de plus-value suffisamment élevée (ce qui en jargon bourgeois est appelé combinaison de la croissance avec les considérations sociales). La définition la plus abstraite d’une crise du mode de production capitaliste est que sa reproduction est menacée, c’est-à-dire la reproduction continue des classes antagonistes. C’est au niveau concret, pourtant, qu’on peut voir la crise se dérouler devant nos yeux : banques et entreprises menacées de faillite et travailleurs perdant leurs emplois, expulsés de chez eux ou soumis à des baisses de salaire, des retraites diminuées, une prise en charge médicale moindre, etc. Lorsque des capitaux individuels ou des groupes de prolétaires se retrouvent dans une mauvaise passe, l’État peut intervenir pour prévenir une urgence, en renflouant des entreprises ou en versant quelque suppléments à des municipalités et maintenir de la sorte un certain niveau de prestations. Mais ce ne sont jamais des remèdes miracles. Dans de tels cas, l’État s’endette lui-même et tôt ou tard le budget doit être rééquilibré, ce qui implique qu’en fin de compte c’est le prolétariat qui doit payer. La seule bonté que la classe capitaliste ait à offrir aux prolétaires d’un pays en crise est une sorte d’échéancier (une hypothèque sur une exploitation future), ou de laisser les prolétaires d’un autre pays payer une partie de la facture. La façon dont on a demandé à l’Islande de compenser les pertes britanniques et hollandaises liées à la faillite d’Icesave est un exemple du premier cas : 3,8 milliards d’euros plus les intérêts sur une période de trente ans. Un exemple du second est la vigoureuse pression du gouvernement suédois dans l’UE et le FMI en 2009 pour empêcher une dévaluation de la monnaie lettonne, qui aurait eu un effet dévastateur sur les banques suédoises ayant prêté des sommes colossales aux pays Baltes. Ces plans d’austérité brutaux furent probablement absolument nécessaires pour sauver le système bancaire suédois de l’effondrement, ce qui explique les exigences extrêmement dures de la Suède et de l’UE((C’est seulement après que le gros de la tempête fut passé que le ministre suédois des Finances a osé s’exprimer directement : « Je n’ai jamais dit cela aussi clairement auparavant, mais la vérité est que la Suède était dans de très, très sales draps en 2009, quasiment au bord du gouffre. » – Anders Borg, 19 janvier 2011.)). Des mesures drastiques, telles que des prêts d’urgence à l’industrie automobile ou des nationalisations de compagnies hypothécaires ne résolvent toutefois pas le problème sous-jacent de la crise, qui est une crise d’investissement ou plus exactement une crise d’accumulation, c’est-à-dire une crise de l’exploitation((Cf. Screamin’ Alice, [[http://endnotes.org.uk/translations/12|« L’effondrement d’un rapport ? Réflexions sur la crise »]].)). L’ordre exige que l’exploitation soit accrue. 
  
 À l’automne 2008, nous avons été témoins de la façon dont les États capitalistes se coordonnent à l’échelle mondiale (de Washington à Pékin, de Francfort à Stockholm) pour faire face à la crise financière, mais ils sont toujours bien loin de maîtriser la situation. Nous sommes passés d’une situation où les banques étaient au bord de la faillite à une autre dans laquelle des pays entiers sont menacés de cessation de paiements. La crise de la dette publique n’est pas encore terminée et si la situation s’aggrave – par exemple en conséquence des nouvelles luttes en Espagne ou dans d’autres pays endettés, ou à cause de la hausse des prix du pétrole – cela pourrait très bien produire un effet domino comme celui auquel ont été confrontées les banques à l’automne 2008 et début 2009. La communauté internationale maintient déjà un certain nombre de pays à flot (Islande, Lituanie, Grèce, Hongrie, Ukraine, Irlande, etc.) et la question est : combien d’autres peut-elle soutenir ?  À l’automne 2008, nous avons été témoins de la façon dont les États capitalistes se coordonnent à l’échelle mondiale (de Washington à Pékin, de Francfort à Stockholm) pour faire face à la crise financière, mais ils sont toujours bien loin de maîtriser la situation. Nous sommes passés d’une situation où les banques étaient au bord de la faillite à une autre dans laquelle des pays entiers sont menacés de cessation de paiements. La crise de la dette publique n’est pas encore terminée et si la situation s’aggrave – par exemple en conséquence des nouvelles luttes en Espagne ou dans d’autres pays endettés, ou à cause de la hausse des prix du pétrole – cela pourrait très bien produire un effet domino comme celui auquel ont été confrontées les banques à l’automne 2008 et début 2009. La communauté internationale maintient déjà un certain nombre de pays à flot (Islande, Lituanie, Grèce, Hongrie, Ukraine, Irlande, etc.) et la question est : combien d’autres peut-elle soutenir ?